Association "Le sapeur picard" 14-18 

le Sapeur Picard - 1914-1918 14 - 18

Historique du 265 ème R.I (FAY1916)

Préparation de la Bataille de la Somme

Après un repos mérité près d'Amiens, le 265 RI remonte en ligne et se positionne autour de FAY

Depuis la veille, la préparation d’artillerie est commencée. Les destructions s’opèrent. Une multitude de ballons et d’avions règlent les tirs et prennent la maîtrise de l’air. Les communications de l’ennemi, bombardées à longue distance, deviennent impraticables. Ses relèves sont dispersées, ses ravitaillements entravés, ses abris écrasés, ses observatoires aveuglés, ses « saucisses » flambées, ses batteries réduites au silence.

Quand nous remontons en secteur pour les derniers travaux, la tempête d’acier fait rage.
Les Allemands terrorisés et affamés ne se montrent plus. Ils se terrent sous l’ouragan.
Nos patrouilles se promènent dans leurs lignes sans rencontrer personne et les « poilus » montent à chaque instant sur le terre-plein pour mieux voir, sans qu’un seul coup de feu réponde à leurs manifestations d’enthousiasme. Il faut se fâcher pour les maintenir dans les tranchées. 

C’est le bataillon SERGENTqui est à l’honneur. Il a déjà pris place au premier rang. Là, comme dans le long ravin qui va de Chuignes à Vauvillers, quelques obus venus de loin s’abattent parfois en rafale.

Un de nos plus braves officiers, le sous-lieutenant BIZIEN, tombe grièvement frappé. Venu de l’Argentine pour se battre, il mourra, hélas ! sans avoir eu l’occasion d’accomplir les prouesses qu’il rêvait. 

Car l’heure est venue. Le Génie fait exploser sur les pentes Nord du ravin de Fay d’énormes fourneaux de mines, ouvrant trois cratères dont le plus grand n’a pas moins de cent cinquante mètres de tour sur vingt de profondeur.

Depuis quarante-huit heures le bombardement ne s’est pas interrompu. Soudain, les baïonnettes étincellent, un frémissement court le long des parapets. Nos Bretons surgissent, se signent, et marchent à l’ennemi.
Ils ont été vus : derrière eux, les obus barrent le passage. Devant, quelques combattants apparaissent, des mitrailleuses ouvrent le feu. Ceux-là même qui sont atteints ne sont pas toujours arrêtés. Le sous-lieutenant BATARD, le caporal JARNO, le soldat LOUIS, quoique sérieusement touchés, continuent jusqu’au bout la charge.
Sous le barrage d’artillerie qui la couvre, l’attaque progresse, selon le programme que ses chefs lui ont tracé. Nos premières vagues de combattants atteignent et dépassent le village de FAY.
Derrière eux, les nettoyeurs fouillent les tranchées, les caves sous les ruines, les casemates, les boyaux.
Pendant qu’ils sont à l’œuvre, une mitrailleuse, échappée au pilonnage de nos canons, ouvre le feu sur un de nos groupes qui passe. L’adjudant BOBINEAU tombe, mortellement frappé, mais, presque aussitôt, assaillis par les grenadiers de la 24e compagnie, les tireurs sont réduits à l’impuissance, tandis que, marchant vers Fay, le chef de bataillon et le capitaine adjudant-major GELLY capturent, un peu plus loin, un certain nombre de Boches en train de prendre pour cible leurs compatriotes qui se sont déjà rendus.

Notre invasion, d’ailleurs, a été si prompte, si peu annoncée, que l’alarme n’a pu être donnée à peu près nulle part chez l’ennemi.
-  Ah ! les Français ! Déjà les Français ! » s’exclament les médecins que nous surprenons dans la galerie profonde de leur poste de secours.
Pendant qu’ils sont à l’œuvre, une mitrailleuse, échappée au pilonnage de nos canons, ouvre le feu sur un de nos groupes qui passe.
C’est le commandant SERGENT, suivi de son état-major.
L’adjudant BOBINEAU tombe, mortellement frappé ; mais, presque aussitôt, assaillis par les grenadiers de la 24e compagnie, les tireurs sont réduits à l’impuissance, tandis que, marchant vers Fay, le chef de bataillon et le capitaine adjudant-major GELLY capturent, un peu plus loin, un certain nombre de Boches en train de prendre pour cible leurs compatriotes qui se sont déjà rendus.
 

Soldats 14 18

Dix minutes après le départ des premières vagues d’assaut, les prisonniers affluent. Ils s’avancent vers nos lignes en groupes compacts.
Pâles, harassés, terrifiés, ils se hâtent, la tête basse, vers la captivité qu’ils appelaient depuis des jours sous la grêle de nos obus, comme une délivrance, en ne l’espérant plus.
Quelques-uns seulement se sont défendus, ou, sortant à l’improviste des rares sapes dont l’orifice avait échappé aux nettoyeurs, ont tiré sur nos troupes par derrière. La plupart ont capitulé sans résistance.
Beaucoup n’ont pas osé paraître. Lorsque le 5e bataillon débouche à son tour sur le terrain conquis, le commandant BELLAMY et le capitaine adjudant-major du PLESSIS en trouvent encore une vingtaine blottis dans un abri intact et que leurs sommations décident péniblement à remonter au jour.
Un par un, dans leur uniforme gris sale, les « bonnets plats » enfin se montrent. Ils demandent pardon. Ils tendent en tremblant leurs armes. Transis de peur, ils n’ont pourtant pas perdu la tête et chacun, de la main gauche, porte, noué dans son mouchoir, l’indispensable pour un petit séjour en France.
Cependant, au-delà de Fay, dans les tranchées qui bordent le cimetière et dans les boyaux qui mènent vers Assevillers, Belloy ou Estrées, un certain nombre d’Allemands se cramponnent à leurs barrages. La nuit venue, ils tiennent encore. Ils tentent même d’avancer.
Un nouvel effort s’impose pour les réduire.

La compagnie BILLAUD, du 5e bataillon, est portée en ligne. Son chef tombe. Le sous-lieutenant MESNARD le remplace. C’est un tout jeune officier ; mais il portera sans faiblir les responsabilités qui pour la première fois lui incombent.
Sa fermeté, les mesures judicieuses qu’il ordonne, nous assurent la possession du terrain conquis et nous font progresser de 300 mètres dans une importante tranchée.
Le soldat HUGUET qui mène la lutte est du reste un combattant de premier ordre : audacieux, infatigable, d’un sang-froid que rien ne déconcerte, il ne laisse à l’adversaire aucun répit, le refoule jusqu’au point qu’il faut atteindre et, lorsque le barrage y est établi, il refuse, quoique blessé, de quitter son poste.
Vers le cimetière, en même temps, le sous-lieutenant LANOË, à la tête de ses grenadiers entraînés par sa bravoure, oblige l’ennemi à prendre la fuite et termine, par ce beau succès, la première journée de victoire.

Le régiment a perdu 37 tués, dont deux officiers, et 198 blessés. Il a capturé six cents Allemands ; et deux cents autres pour le moins, gisent, à jamais immobiles, au bord des tranchées, dans les sapes et sous les décombres du village.
Le reste s’est replié en désordre, abandonnant ses canons, ses mitrailleuses, ses lance-bombes, un abondant matériel de guerre et des quantités considérables de munitions. Le temps nous manque pour inventorier ce butin.

A la date du 1er juin 1916, le 265ème régiment d’infanterie relève le 23ème colonial. Il est commandé par le Lt-Colonel ROSE.

1er juillet 1916 : l'offensive sur la Somme

Le 1er juillet 1916. Tout le monde doit être à son poste pour 7 heures.
Dispositif en profondeur : 6ème bataillon en 1ère ligne, 5ème bataillon derrière, réserve du régiment, 4ème bataillon réserve de brigade.
Les compagnies sont échelonnées dans les places d’armes en 4 vagues avec mitrailleuses et 1 canon de 37mm par compagnie de 1ère ligne.

Le 6ème bataillon est ainsi composé :
– Gauche : Cie VANNIER au saillant Fillippi. Objectif : par le sud des entonnoirs, le carrefour 517.
– Centre : Cie MENARD.   Objectif : Lisière Est du village de Fay.
– Droite : Cie VIOT.  Objectif : par le sud du village, les maisons S.E face à Estrées.
– Réserve : Cie BOUHIER.  Objectif : doit se porter sur l’église de Fay.


Heure H (9h30) : l'artillerie ouvre le feu selon un programme bien programmé

Le vent devient favorable aux allemands et à 4 heures du matin ordre de placer les masques.
Les nappes gazeuses ne se dissipent que vers 8 heures.
A 9h30 l’artillerie de tranchée cesse le feu, le 75mm et l’artillerie lourde allonge le tir.

L’infanterie sort. L’attaque réussit.
Les unités de 1ère ligne atteignent le plus rapidement possible leurs objectifs. Les défenseurs pris entre le feu d’artillerie, les unités de 1ère ligne d’une part et les fractions de soutien d’autre part, réagissent quelque peu, puis se rendent par grappes.
Le terrain traversé est complètement bouleversé. De nombreux abris sont effondrés sur leurs habitants. 
Le nombre de prisonniers est de 5 à 600. Un matériel considérable reste entre nos mains : engins de tranchées, un mortier de 15mm et lance-bombes neufs, plusieurs mitrailleuses, machine perforatrice avec générateur électrique, poste de secours avec matériel médical, dépôts de munitions intacts etc…

En fin de journée le dispositif est le suivant :
- 6ème bataillon : 2 Cies lisière Est de Fay – 2 Cies tranchée de Breslau.
- 5ème bataillon : dans Fay, à 577
- 4ème bataillon partie ouest de Fay.

Pertes du 1er juillet 1916 :

Pour la conduite glorieuse de ces hommes, la 61ème Division sera citée l’ordre de l’Armée, en l’honneur des hommes du 265ème Régiment d’Infanterie qui ont donné leur vie pour notre liberté, afin qu’on ne les oublie jamais.

  • Tués : 37 hommes dont 2 officiers
  • Blessés : 198 hommes dont 8 officiers
  • Disparus : 6 .

 

Canon de 37 en position de tir

Date de dernière mise à jour : 24/11/2024

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