Après un repos mérité près d'Amiens, le 265 RI remonte en ligne et se positionne autour de FAY
Depuis la veille, la préparation d’artillerie est commencée. Les destructions s’opèrent. Une multitude de ballons et d’avions règlent les tirs et prennent la maîtrise de l’air. Les communications de l’ennemi, bombardées à longue distance, deviennent impraticables. Ses relèves sont dispersées, ses ravitaillements entravés, ses abris écrasés, ses observatoires aveuglés, ses « saucisses » flambées, ses batteries réduites au silence.
Quand nous remontons en secteur pour les derniers travaux, la tempête d’acier fait rage.
Les Allemands terrorisés et affamés ne se montrent plus. Ils se terrent sous l’ouragan.
Nos patrouilles se promènent dans leurs lignes sans rencontrer personne et les « poilus » montent à chaque instant sur le terre-plein pour mieux voir, sans qu’un seul coup de feu réponde à leurs manifestations d’enthousiasme. Il faut se fâcher pour les maintenir dans les tranchées.
C’est le bataillon SERGENTqui est à l’honneur. Il a déjà pris place au premier rang. Là, comme dans le long ravin qui va de Chuignes à Vauvillers, quelques obus venus de loin s’abattent parfois en rafale.
Un de nos plus braves officiers, le sous-lieutenant BIZIEN, tombe grièvement frappé. Venu de l’Argentine pour se battre, il mourra, hélas ! sans avoir eu l’occasion d’accomplir les prouesses qu’il rêvait.
Car l’heure est venue. Le Génie fait exploser sur les pentes Nord du ravin de Fay d’énormes fourneaux de mines, ouvrant trois cratères dont le plus grand n’a pas moins de cent cinquante mètres de tour sur vingt de profondeur.